L'essence du soin : un nouveau regard sur l'acte médical

Par Luiz Antonio Nasi

Il y a quelque chose dans la pratique médicale qui transcende le geste technique. C'est le regard attentif, l'écoute patiente, le silence qui précède la parole juste. Chaque anamnèse est un exercice de sensibilité et de discernement : comprendre ce qui est pertinent dans l'histoire, entre examens et rapports, et décider de manière responsable compte tenu de la singularité de chaque personne.

Être médecin, c'est comprendre que la science guide notre conduite, mais qu'elle ne suit pas toujours les époques de la vie. La science avance à son rythme, dans les laboratoires et dans les publications ; La médecine, quant à elle, nécessite des décisions immédiates, en présence du patient, face à un ensemble de variables humaines et émotionnelles qu’aucun protocole ne prend pleinement en compte.

C’est dans cet espace – entre savoir technique et rencontre humaine – que naît le véritable art du soin. Le médecin est à la fois un scientifique et un interprète de la souffrance. Sa mission est de traduire le savoir en hospitalité, alliant empathie, éthique et résultats dans un geste de confiance.

La carrière médicale, surtout dans les premières années, est devenue de plus en plus difficile. Cela nécessite une mise à jour constante, une pensée critique et un discernement éthique. « Comment je le fais » ne suffit plus, mais « comment cela est fait », étayé par des preuves, des bonnes pratiques et de la sensibilité.

Être médecin est également devenu plus complexe. Le patient arrive informé – souvent mal informé – via les réseaux et les fausses nouvelles. L'intégration des nouvelles technologies et le coût croissant des soins de santé font des soins un acte qui exige des connaissances, mais aussi du bon sens et de l'équilibre. La même impulsion qui pousse les médecins à appliquer les technologies les plus modernes peut se heurter aux limites économiques et structurelles du système.

Aujourd’hui, soigner, c’est comprendre que l’acte médical se déroule en réseau. C'est une relation qui implique le patient, les professionnels, le système de santé et la société. La bonne pratique de la médecine dépend du dialogue entre tous ces acteurs et de la construction collective d'un environnement qui valorise la connaissance et donne la priorité au bien-être des personnes.

La médecine que nous pratiquons est faite de présence et de précision, mais aussi de questions. C'est une médecine qui écoute, observe et transforme. Être médecin, c'est vivre dans cet équilibre : entre la technique et l'humanité, entre la science et le temps de chaque patient. C'est un choix quotidien de responsabilité et de vie.


*Luiz Antonio Nasi est directeur médical de l'hôpital Moinhos de Vento.